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17 nov. 2023

L’histoire de la rue Sainte-Catherine

Histoire de la rue Sainte-Catherine de Montréal avec une expo

La rue Sainte-Catherine vous ouvre aujourd’hui ses archives et vous propose une expérience déambulatoire à ciel ouvert à travers ses oasis entre les rues McGill et Drummond, en passant par la rue du square Dorchester. Immersive et contemplative, elle retrace, à travers une série de photographies, les moments forts de la rue Sainte-Catherine. Une tranche d’histoire à découvrir!

Mythique et cosmopolite, lieu de vie, de visite et de travail, Sainte-Catherine n’est pas une rue comme les autres. Au-delà du mystère qui entoure l’origine de son nom, son histoire est étroitement liée à celle de Montréal. Hyperactive, festive et branchée, c’est la rue de tous les possibles, celle où l’on trouve toujours un restaurant où manger, un bureau où s’installer, un spectacle où se changer les idées. Sainte-Catherine, c’est des décennies d’histoire et d’histoires, une identité forgée par des étudiants du monde entier et des entrepreneurs de tous horizons. Aujourd’hui, Sainte-Catherine se réinvente pour poursuivre son rôle culturel, économique et social au sein de notre communauté. 

Histoire de la rue Sainte-Catherine : Université

D’un petit sentier à une grande destinée

Difficile d’imaginer qu’avant de devenir l’une des principales artères de la métropole, la rue Sainte-Catherine était un petit chemin de campagne traversant les terres de résidents cultivateurs. Pourtant, au milieu du XVIIIe siècle, l’axe qui relie aujourd’hui Westmount à Hochelaga-Maisonneuve n’est qu’une route rurale qui sillonne Montréal d’ouest en est, un segment de rue dont l’histoire débute en 1758 dans le faubourg Saint-Laurent.

Depuis les rues Saint-Alexandre à Sanguinet en 1788, Sainte-Catherine va progressivement s’étendre d’est en ouest. En direction de l’est, vers les rues Panet (1820), De Lorimier (années 1850) et du Havre dans Hochelaga, pour finalement franchir tout le quartier Maisonneuve entre 1890 et 1910. À l’ouest de la rue Saint-Alexandre, l’ouverture de la voie se fait plus tardivement. Elle arrive à l’avenue McGill au début des années 1840, puis dans les années 1850, elle atteint la rue Guy, avant de poursuivre vers l’avenue Greene dans Westmount (1872) et la rue Victoria (1880).

Au-delà de l’extension de la rue, c’est sa vocation même qui évolue et qui se transforme. Car en 1870, c’est encore le quartier du Vieux-Montréal qui concentre l’essentiel de l’activité commerciale de l’île. Mais pendant la seconde moitié du XIXe, l’intensification de l’industrialisation incite les élites bourgeoises de la vieille ville à se déplacer vers le mont Royal, entraînant dans leur sillage de nombreux marchands qui ouvrent une boutique rue Sainte-Catherine. 

Parmi les grandes enseignes qu’on y retrouve, notons Dupuis Frères (1882), Morgan (1891, qui deviendra La Baie en 1960), Simpson (1905), ainsi que le plus célèbre et important détaillant canadien, l’entreprise Eaton (1925). L’arrivée simultanée du tramway électrique (1890) facilite l’accès aux commerces qui ont commencé à s’installer massivement sur l’artère. La vocation commerciale de Sainte-Catherine se confirme : un nouveau centre-ville est né.

Histoire de la rue Sainte-Catherine : Peel

Quand croissance rime avec effervescence

À la fin du XIXe siècle, la rue Sainte-Catherine s’est métamorphosée. Ce sont plus de 800 magasins qui ont pignon sur rue le long de cette voie de 11,2 kilomètres, animée tout au long de l’année, de jour comme de nuit. On y vit, on y dort, on y sort. Au-delà des résidents, quelque 15 000 personnes y travaillent chaque jour. Et avec sa multitude de restaurants, cinémas, cabarets, boîtes de nuit, salles de sport et de spectacle, Sainte-Catherine devient une destination incontournable pour magasiner, faire la fête et se divertir. 

Durant la période d’après-guerre, l’économie bat son plein et les magasins vont connaître une forte croissance. Sainte-Catherine vit et vibre de tous côtés. L’un des temps forts de l’année est d’ailleurs la période des Fêtes, avec le Défilé du père Noël. Cette initiative de Timothy Eaton, fondateur de la chaîne de magasins du même nom, débute en 1925. À l’origine, le Défilé compte seulement le père Noël qui parade à travers le centre-ville. Mais au fil des années, plusieurs chars et personnages complètent le Défilé et on compte jusqu’à plus de 10 000 enfants qui y jouent les figurants, vêtus dans des costumes réalisés sur mesure par le personnel d’Eaton. Véritable tradition, cette grande célébration annuelle marque le début du temps des Fêtes au centre-ville de Montréal et le début de la saison d’achat des cadeaux.

Histoire de la rue Sainte-Catherine : Défilé Robert Bourassa

L’Ouest de Sainte-Catherine n’est pas en reste avec le Forum, situé au coin des rues Sainte-Catherine et Atwater. Temple du hockey et résidence des Canadiens de 1926 à 1996, ce lieu historique national reconnu comme tel en 1997 fera vivre aux amateurs de sport soixante-dix ans de moments inoubliables.

À l’est, la Place des Arts est inaugurée en 1963. Cet immense complexe culturel et artistique devient, au fil des décennies, un pôle culturel incontournable de Montréal, le futur cœur battant du Quartier des spectacles.

Au-delà des magasins, Sainte-Catherine est aussi au cœur de prouesses architecturales. On y érige des bâtiments époustouflants pour y implanter de grands bureaux – le Dominion Square Building, les squares Phillips et Dorchester et la Place Ville Marie, pour ne citer que ceux-là. Chaque jour, des dizaines de milliers d’employés s’y retrouvent pour travailler et profiter de tous les services à proximité.

En 1925, Eaton inaugure un somptueux restaurant de style Art Déco au 9e étage, un lieu exceptionnel rouvert au printemps 2024.

Histoire de la rue Sainte-Catherine : McGill

Sainte-Catherine n’a pas dit son dernier mot

À la fin des années 1960 – et pour plusieurs décennies – l’économie montréalaise est en crise. Certaines enseignes disparaissent (Dupuis, Eaton et Simpson) et d’autres voient le jour, comme le complexe Desjardins (1976), les Promenades de la Cathédrale (1988) et la Place Montréal Trust (1988). C’est également à cette période que des lieux d’enseignement et de recherche comme l’UQAM (à l’est) et l’Université Concordia (à l’ouest) sont créés, rassemblant des milliers d’étudiants sur leur campus.

La rue Sainte-Catherine renaît à partir de 1994, profitant de la croissance de la clientèle touristique et du développement de la vie culturelle montréalaise. Musées, théâtres, congrès et événements internationaux : Sainte-Catherine attire des milliers de visiteurs qui viennent faire des affaires ou se divertir. Plusieurs grands hôtels sont érigés dans le centre-ville et en 2000, le projet du Quartier des spectacles marque un tournant en faisant de Montréal une destination culturelle reconnue à travers le monde. 

Aujourd’hui, l’artère poursuit sa transformation pour enrichir son histoire et son avenir : modernisation de la rue Sainte-Catherine Ouest, revitalisation des emblématiques squares Phillips et Dorchester, création des places Oscar-Peterson et de l’avenue McGill, réfection de la Place Ville Marie, développement du magasin La Baie. Tous ces projets viennent consolider l’identité de Sainte-Catherine, une rue dont l’origine du nom restera peut-être toujours un mystère mais dont le caractère unique ne fait aucun doute.

Histoire de la rue Sainte-Catherine : Été au square Phillips

Ce projet est réalisé avec le soutien de la Ville de Montréal et en collaboration avec le Partenariat du Quartier des spectacles

Photographies : Bibliothèque et Archives nationales du Québec

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